20 Mar
2025
Histoire et mémoire de la Shoah
Depuis le mois de janvier, les professeurs d’Histoire-Géographie mettent en place des initiatives autour de l’étude de la Shoah pour marquer le 80ème anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Commémorations et interventions marquantes se succèdent auprès des collégiens et des lycéens.
Devoir de mémoire le 27 janvier 2025
Les élèves de 3ème en Section Internationale Britannique et de 5ème en Section Internationale Allemande ont participé à une commémoration en hommage aux victimes de la Shoah. Découvrez l’article complet en cliquant ICI.
Rencontre bouleversante avec Simon Gronowski, survivant de la Shoah
Les classes de 3ème ont assisté, au mois de mars, au témoignage de Monsieur Gronowski. Celui-ci est revenu sur son histoire et celle de sa famille, victimes du nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale. Les collégiens ont été extrêmement touchés par les paroles de Monsieur Gronowski, qui s’est replongé dans son quotidien de jeune garçon d’une dizaine d’années lorsque le génocide a débuté en Belgique, pays d’accueil de son père, polonais d’origine.
Mon père n’était pas vraiment conscient du danger. C’était un poète qui écrivait en six langues et aimait écouter sa fille, ma grande sœur, jouer du piano. Il n’était pas politisé, il ne pouvait imaginer que cette Europe de la civilisation et de la culture, l’Allemagne des Arts et de la pensée de Kant, de Goethe, de Mozart, pouvait sombrer dans la barbarie. Il a toujours eu un grand respect pour la culture allemande.
Un jour, on n’a plus eu le droit d’aller à l’école, ils ont pris tout ce qu’il y avait dans le magasin de maroquinerie de mes parents, puis nous avons été obligés de porter une étoile jaune sur nos vêtements pour nous identifier, nous discriminer, nous stigmatiser.
Simon Gronowski leur a raconté comment ils se sont cachés avec sa famille pendant de longs mois jusqu’à être dénoncés et envoyés au camp de rassemblement de Malines avec sa mère et sa sœur. Son père, hospitalisé, n’a pas été trouvé ce jour-là. C’est lors de leur transfert dans le XXème convoi vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau que sa mère l’a fait sauter du train pour lui sauver la vie. Il l’a perdra, ainsi que sa sœur, assassinées dans le camp, puis son père, mort plus tard de désespoir. Survivant de la Shoah, Monsieur Gronowski a également expliqué à nos élèves comment il s’en était sorti et avait construit sa vie par la suite, notamment grâce à la musique. Un récit poignant qui donne tout son sens au programme étudié en classe.
Des historiens interviennent dans les classes
L’étude de l’Histoire par la photographie
Les lycéens en Terminale spécialité géopolitique ont eu la chance de participer à un atelier animé par Tal Bruttmann, éminent historien spécialiste de la Shoah en France. L’atelier portait sur la démarche de l’historien et son travail de recherche basé sur des photographies : Comment les nazis ont-ils documenté leurs crimes par la photographie ?
Lors de cette intervention fascinante, Tal Bruttmann nous a expliqué le rôle complexe de la photographie dans l’Histoire. Il a mis en avant le fait qu’une photo ne se comprend pas toujours automatiquement, qu’elle nécessite une lecture précise et un regard critique pour comprendre son contexte, son intention et ses interprétations possibles. Dans le cas de la Shoah, ces images, bien que marquantes, peuvent parfois masquer autant qu’elles révèlent.
Tayeb, élève de Terminale
L’étude de la Shoah au Luxembourg
Actrice incontournable de la compréhension de la Shoah au Luxembourg, Blandine Landau, qui a récemment co-dirigé une publication pour la Revue d’Histoire de la Shoah, est intervenue auprès d’élèves de Terminale.
Son exposé a permis d’approfondir les spécificités chronologiques et modales de la destruction des Juifs au Luxembourg. Grâce à une approche micro-historique rigoureuse et à l’analyse des parcours familiaux à la fois uniques et révélateurs, elle a su captiver les lycéens en illustrant les processus d’exclusion, de dépossession et d’extermination avec clarté et précision.
Les professeurs organisent également un Prix Histoire et Mémoire consacré à la Seconde Guerre mondiale et à la Shoah. Les élèves volontaires de Terminale lisent des ouvrages variés sur ce sujet et participent à des ateliers de discussion pour partager leurs réflexions et présenter leurs synthèses devant le groupe. Une initiative qui favorise l’échange et la transmission de la mémoire à travers la lecture et la réflexion collective.